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Le don de la mort.

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La mort est souvent vécue comme une perte. On perd un ami, on perd un parent, un enfant, on perd la vie. La mort est amère, on regrette ceux qu’on a plus, ceux qui ne sont plus. Pourtant, on ne réalise pas toujours ce que la mort nous donne. A force de se fixer sur la perte, on ne voit plus le don. « Le don de la mort », expression paradoxale ; on parle plus volontiers du don de la vie, tout le monde comprend le « don de la vie ». Le « don de la mort » est plus énigmatique et demande donc à être élucidé. Qu’est-ce que la mort me donne ? La mort est le fondement de l’égalité entre les hommes. Le pauvre et le riche, le faible et le puissant, la célébrité et l’inconnu, Apollon et Quasimodo, tous, nous allons mourir et nous allons perdre des êtres chers. J’ai perdu ma mère en 2009 d’un cancer et mon père est décédé en 2018 suite à des problèmes pulmonaires. Aujourd’hui je suis donc un orphelin, quand on perd ses parents, on perd une partie de nous-même, je ne suis désormais le fils

L'ère de la toute-puissance

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           L'impossible nous contraint à nous faire une raison : « devenir raisonnable », voilà la planche de salut face aux frustrations. Mais que vaut un tel idéal aujourd'hui ? Notre époque n'est-elle pas marquée au fer rouge par la croyance selon laquelle « tout est possible » ? S'il n'y a pas d'impossible de principe, si , en droit, tout est possible avec le temps, alors être raisonnable devient une frilosité, une faiblesse. L'exaltation du rêve, le frisson de la transgression, l'énergie de l'espoir, la volonté de déplacer des montagnes, ne sont-ils pas préférables à l'ennuyeuse et antique maîtrise de soi ? Etrange renversement dialectique contemporain où Calliclès supplante Socrate. L'immortalité, la jeunesse éternelle, le décuplement de nos pouvoirs ne sont plus des chimères puériles mais des possibilités ouvertes par le développement de la génétique et des nouvelles technologies.Que vaut l'ataraxie stoïcienne ou l'aponie é

Gouverner, c'est prévoir.

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            Il n'est jamais facile d'être au pouvoir. Non seulement il faut concevoir des projets solides, mais il faut aussi être capable de les réaliser. En imagination, les idées s'enchaînent rapidement puisqu'il n'y a pas la résistance du réel. Mais la politique n'est pas une simple question de théorie, il s'agit de se confronter à la réalité en surmontant l'incompréhension du peuple et les pièges de ses adversaires. La compétence est ainsi une condition nécessaire sans être une condition suffisante. Le bon souverain doit aussi être fort et rusé, telle est la leçon de Machiavel dans le chapitre 18 du Prince  :           « On peut combattre de deux manières : ou avec les lois, ou avec la force. La première est propre à l’homme, la seconde est celle des bêtes ; mais comme souvent celle-là ne suffit point, on est obligé de recourir à l’autre : il faut donc qu’un prince sache agir à propos, et en bête et en homme. C’est ce que les anciens écrivai

Se libérer du jugement

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                      « Il ne faut pas juger les autres. » Est-ce possible ? Non. Le jugement ne dérive pas de notre volonté, ainsi, qu'on le veuille ou non, nous portons des jugements de valeur sur les autres et nous-mêmes. On ne peut donc pas se libérer du jugement en se disant : « il ne faut pas juger », faire un effort de volonté ici est inutile. Faut-il alors se résigner ou bien est-il possible de diminuer le poids du jugement?Cette question n'est pas anodine puisque nous sommes souvent les bourreaux de nous-mêmes. Nos jugements constituent les barreaux de notre prison. L'anorexique se trouve trop grosse, le timide se sent ridicule en public, le mélancolique a l'impression de rater sa vie et d'être ainsi un raté. Notre idéal nous pèse et peut nous rendre malheureux. Aujourd'hui, la pensée positive est à la mode et elle nous fait croire qu'il suffirait de remplacer les jugements négatifs par des jugements positifs. La volonté serait ainsi la b

La prison du jugement

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                      La manière dont on juge les autres détermine la manière dont on se sent jugé par eux. C'est la raison pour laquelle une langue de vipère a souvent l'impression d'être critiquée, elle ne fait que projeter sur l'autre sa propre manière d'être, finalement elle se juge avec son propre regard. C'est peut-être le sens ou l'un des sens possibles de ce passage de la Bible où Jésus affirme « vous serez jugés avec la mesure que vous utilisez ». Sauf qu'ici le juge n'est pas Dieu, mais notre propre conscience. Ainsi, ma vision d'autrui révèle la manière dont j'anticipe le jugement de l'autre. Par exemple, si quelqu'un trébuche et si je ris puisque je trouve ça ridicule, alors le jour où cela m'arrivera j'aurai l'impression aussi d'être ridicule et d'être jugé tel par les autres. Si je me moque de la manière de danser de quelqu'un, j'aurai moi-même peur d'être ridicule en dansant. Je s

Tisser le bonheur

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                         On peut être heureux dans la solitude, mais il est toujours agréable de partager son bonheur avec les autres. Je ne suis pas sûr qu'un milliardaire seul et rejeté de tous, sans amis et sans amour, soit plus heureux qu'un homme ordinaire entouré de ceux qu'il aime. Mais si le bonheur se trouve dans la relation à l'autre, on peut remarquer aussi que le rapport à autrui n'est pas nécessairement cause de bonheur : l'autre peut nous faire souffrir ou nous laisser complètement indifférent, c'est une évidence.Quel genre de lien mène alors au bonheur ? Comment les tisser dans notre vie ?La réponse ne se trouve pas dans un livre, mais dans notre existence concrète. Examinons donc les différents types de relation nous liant aux autres dans notre vie quotidienne. Quel est, par exemple, la différence entre une caissière chez Carrefour et un ami ? La caissière me dit bonjour, elle est polie, avenante, attentionnée, je lui rend sa politess

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                    Y a t-il une vie après la mort ? On peut y croire ou ne pas y croire. Moi, je ne sais pas. Ce qui est sûr par contre, c'est que lorsque nous perdons quelqu'un, il reste avec nous en pensée. Je ne parle pas uniquement des souvenirs avec cette personne : les fous rires, les pleurs ou les bons moments partagés ; la personne qu'on a perdu subsiste dans notre esprit avec ses phrases fétiches ou sa manière de vivre. Il ne s'agit pas uniquement d'un passé révolu, daté, dépassé ; cette personne nous accompagne dans notre vie présente et peut même nous donner des conseils. Bien évidemment, il ne s'agit pas de la présence réelle de l'esprit de la personne, en tous cas je ne le crois pas, il s'agit plutôt de l'image psychologique que nous avons de cette personne. Ce n'est pas un phénomène exceptionnel. De manière quotidienne, nous avons tous une image particulière de quelqu'un et il y a souvent ,voire même toujours, un décal